Le Post du mois
Le storytelling : outil des cyniques ?
Dans L’Espèce fabulatrice*, Nancy Huston écrit :
« Le penchant inné de notre cerveau pour la narrativité, sciemment exploité depuis toujours par les Églises, l’est de plus en plus par les médias, les partis politiques, les grandes entreprises et l’institution militaire.
Cela s’appelle, en anglais, le Storytelling. « Les faits parlent, dit un cynique spécialiste de la chose, mais les histoires font vendre. » »
Ce que le « cynique spécialiste » décrit là s’appelle de la manipulation, du spin-doctoring tendancieux qui s’appuie entre autres sur le storytelling… Mais ce n’est pas le storytelling. C’est un peu comme si l’on disait qu’un couteau est une arme qui sert à tuer. Et bien non : c’est avant tout un ustensile, un outil. Que quelqu’un en fasse un mauvais usage ne requalifie pas l’objet lui-même. Si l’on cherche bien, on peut faire beaucoup de mal… avec des chamallows.
Alors, qu’est-ce que le storytelling ? Pour faire simple, c’est l’art de raconter des histoires. C’est la dramaturgie. Et c’est tout. Nous sommes tous des « storytellers », des narrateurs et il existe des règles, des méthodes, pour que ces histoires fonctionnent, interpellent celui qui les écoute. Ces règles sont à la portée de tous, pour transformer ce que l’on dit en une communication fluide, immédiatement compréhensible, qui semble évidente pour le cerveau…
Le storytelling, ce n’est pas cette habitude dangereuse qu’ont certains individus de se débarrasser de la réalité, de mentir, de déformer les faits pour obtenir ce qu’ils souhaitent.
Le storytelling, c’est le langage naturel de l’être humain.
(*) L’Espèce fabulatrice, Nancy Huston, Actes Sud / Babel, 2008.
L’Orateur du mois
Dans cette conférence, Sheena Iyengar nous parle de la manière dont nous effectuons nos choix et des aspects sociologiques et culturels surprenants qui les influencent. Mais ce n’est pas uniquement pour cette raison que nous vous invitons à regarder cette oratrice captivante.
C’est aussi parce que, de manière exceptionnelle pour une conférence TED, Sheena lit son texte. Les yeux mi-clos. Cela s’explique, car elle est aveugle. Et pourtant, alors qu’elle lit, elle continue de balayer l’ensemble de son auditoire. A la différence de certains orateurs anxieux elle ne fixe pas le fond de la salle les yeux dans le vague, tel un lapin saisit par les phares d’une auto. Tout au contraire, elle s’adresse à tout son public, tient compte de sa présence et réagit à ses manifestations… même si elle ne voit personne.
https://www.ted.com/playlists/301/why_we_do_the_things_we_do
What’s in it for you?
De la mécanique du « croire »
Football. Euro 2016. Comme beaucoup de gens, nous regardons les matchs. Et comme beaucoup, nous avons été surpris par l’accession au plus haut niveau de certaines formations – décrites comme « petites » sur le papier, telles que le Pays de Galles ou l’Islande. C’est un tort, parce que nous devrions enfin commencer à comprendre qu’au-delà des qualités techniques individuelles, le mental d’un collectif est capable d’accomplir des prouesses. En d’autres termes, ces petites équipes « y croient ».
Et ce qu’il y a de formidable avec le fait de croire, et notamment de croire en soi, c’est que cela annihile la soi-disant réalité et les lois qui s’y appliquent. Tous les compteurs sont remis à zéros. Les idées du genre : « puisque vous occupez telle place dans l’organigramme sportif, social ou économique, vous n’aurez pas la possibilité de vous hisser en dehors du cadre qui est le vôtre », volent en éclats dès lors que – c’est presque mathématique – la force de votre conviction est plus grande que celle qui s’y oppose.
Reste que, si vous parvenez à faire un score inespéré dans une compétition ou bien à accomplir un exploit inattendu dans quelque domaine que ce soit, il s’agit là d’un phénomène exceptionnel. Ce qui importe c’est ce que l’on en fait ensuite. Ceux qui sont convaincus que certains naissent avec du Talent, se contenteront de ce coup de chance. Ceux qui ont compris que ce Talent peut se construire avec de la pratique, se saisiront de cette preuve « qu’ils en sont capable » pour se faire une place au plus haut niveau, avec patience et détermination.
A pratiquer
Le renforcement positif
Nous avons été élevé à la mamelle à la « critique constructive », c’est-à-dire l’acte de souligner chez autrui ce qui ne va pas, dans l’espoir que cela va l’aider à corriger ses erreurs. Maintenant, essayez ceci, à titre d’expérience, pendant trois mois : interdisez-vous toute remarque négative à l’égard de vos collaborateurs et collègues. En lieu et place, saisissez la moindre opportunité pour pointer les qualités remarquables et le formidable travail fourni par ces mêmes collaborateurs et collègues. Dites-le leur, et notez les transformations : feedbacks, ambiance, résultats.
Notre pronostic : surprises garanties.
Et quoi d’autre ailleurs ?
Bacs à laurier
Montréal, récemment, se posait la question de remplacer certaines bordures de trottoirs par des bacs fleuris, « pour enlever un peu de ce béton ». Les équipes de la mairie s’inquiètent : l’entretien de ces bacs représente une somme annuelle conséquente. Une somme qu’il va falloir retirer ailleurs : du budget de l’éducation, de celui des bibliothèques ?
Un conseiller municipal propose alors de créer malgré tout les bacs et dans la terre fraîche de mettre des pancartes : “Jardinez-moi !” – “Fleurissez-moi !”.
L’expérience s’est faite : les bacs sont fleuris par les habitants du quartier. L’entretien ne coûte rien, le budget de la bibliothèque n’a pas eu à en souffrir et il y a moins de béton. Mieux : une saine compétition s’est installée entre “jardiniers” et les bacs ne sont pas seulement fleuris, ce sont devenus des œuvres artistiques…
La ville est à nous !
L’actu Najberg Milne
Nouveau : Captiver & Convaincre à Bruxelles !
Les 22 et 23 novembre prochains, Najberg Milne inaugure sa première session inter-entreprise à Bruxelles. Après Londres et Paris, nous nous installons donc de manière durable dans la capitale européenne… N’hésitez-pas à en faire part à vos connaissances professionnelles et privées !
Pour tout renseignement : js.pigeau@najbergmilne.com
Le lien du mois
Rompre avec PowerPoint
Avant l’entame des vacances, détendons-nous avec cette vidéo qui ne manque pas de culot…
L’outil utilisé ici est généralement dévolu à l’entreprise. Il choque parce qu’il crée une distance, alors que les protagonistes devraient plutôt s’appliquer à créer du contact.
Question : même si le contexte est entièrement différent, pourquoi acceptons-nous si facilement au travail, de nous encombrer d’artifices qui nous éloignent de ceux à qui nous parlons ?