Le Post du mois
La carte des sentiments
- Des chercheurs ont dressé une topographie physiologique des émotions.
- Certains résultats contredisent nos croyances.
Curieux de voir où vont se loger nos émotions, lorsqu’elles nous traversent ? Alors lisez cette étude (*) finlandaise qui a dressé une carte colorée des zones du corps qui sont activées lorsque nous sommes saisis par des sentiments spécifiques. En demandant à plus de 700 sujets de désigner les endroits de leurs corps qu’ils ont senti réagir en regardant ou en entendant certains mots, images, films ou expressions faciales, les chercheurs ont pu constater que les réponses transcendaient les différences culturelles, voire géographiques.
Et si certains résultats ne nous surprendront guère, à savoir que la « joie » ou « l’amour » ont tendance à animer l’ensemble de notre corps (ne parle-t-on pas des « transports de l’amour » ?), d’autres semblent assez contre-intuitifs : la « colère » par exemple, ne semble s’étendre que de la tête aux poumons, alors que l’on s’attendrait à voir la région de l’estomac brûler de cette « rage au ventre » que nous pouvons éprouver parfois…
– (*) http://www.pnas.org/content/111/2/646.full
Sur l’art Oratoire
Gare aux 93% !
- Nous sommes des experts de la lecture des intentions de l’autre.
- Quel usage en faisons-nous ?
Si l’on en croit Albert Mehrabian, en situation de communication en face à face, lorsqu’un être humain cherche à interpréter les intentions véritables d’un interlocuteur, il le fait essentiellement sur le plan inconscient, et en s’appuyant à 93% sur d’autres indices que les mots. En d’autres termes, pendant qu’il écoute, une partie de son cerveau va se focaliser sur tous les signes vocaux (la voix, le débit, le ton, etc.) et corporels (gestes, postures, habits… tout le reste) en ne donnant qu’une importance très légère (7%) aux mots eux-mêmes. Une autre manière de voir est la suivante : lorsqu’on écoute un individu parler dans une langue que l’on ne connaît pas, l’on est malgré tout capable d’émettre un avis diablement détaillé sur l’humeur et les motivations de la personne en question… Une aptitude qui a bien aidé à la survie de notre espèce !
Mais alors, comment expliquer qu’elle nous fasse autant défaut, par exemple au moment des élections, lorsque les politiques semblent dire tout le contraire de ce qu’ils pensent, mais que l’on continue à voter pour eux ? La raison s’en trouve dans ce que l’on appelle le phénomène de la distorsion cognitive : lorsqu’un inconfort nait du caractère inconciliable entre une action et une cognition (« je fume mais je sais que ce n’est pas bon pour moi »), nous pouvons être tentés de rationaliser ou d’ignorer cette cognition. Et lorsque notre candidat favori prend la parole, on a tendance a – littéralement – éteindre notre radar interne. C’est la conclusion d’une étude menée par la chercheuse Drew Westen : en faisant un IRM de ses sujets au moment où leur parlait de choses déplaisantes concernant leur candidat favori, elle a pu constater que le cerveau faisait barrage aux informations qui ne cadraient pas avec leurs convictions !
– Mehrabian, Albert (1971). Silent Messages (1st Ed.). Belmont, CA: Wadsworth.
– Westen, Drew (2008). The Political Brain: the role of emotion in deciding the political fate of the nation. PublicAffairs, Perseus Group.
What’s in it for you?
Changer d’état d’esprit ?*
- Nous sommes outillés pour nous développer.
- Nous sommes outillés pour stagner.
Dans la vidéo suivante, Carol Dweck, docteure en psychologie sociale de l’Université de Stanford, revient sur le fil rouge de sa recherche tout au long de sa carrière : le développement de la personnalité. Selon elle, notre degré de réussite dépend essentiellement de la manière dont on se juge capable… ou non. Soit l’on décrète implicitement que l’on naît avec certains atouts (mais aussi des lacunes) et dès lors, nous avons une tendance à fuir la difficulté et craindre l’échec par peur qu’ils nous renvoient à nos propres limites : c’est la théorie de l’intelligence « fixe ». Soit l’on se perçoit comme une personnalité sans borne mais en perpétuelle amélioration et dans ce cas, l’échec ne constitue plus qu’un jalon de son propre perfectionnement : c’est la théorie de l’intelligence « de développement ».
Des découvertes fascinantes qui montrent aussi comment des croyances dont nous ne sommes mêmes pas conscient ou bien des choix de mots apparemment anodins lorsque l’on critique les efforts d’autrui ou de ses enfants peuvent… changer une vie.
– https://www.ted.com/talks/carol_dweck_the_power_of_believing_that_you_can_improve?language=fr#t-161247
– (*) Dweck, Carol S. (2010). Changer d’état d’esprit : Une nouvelle psychologie de la réussite. Editions Mardaga.
A méditer
Janvier – avril : la fenêtre du bébé footballeur
Dans l’article qui suit, un ton et des chiffres qui peuvent paraître badins. Pourtant, c’est le signe qu’aujourd’hui encore, on « assassine » le potentiel en maintenant le recrutement sportif par classe d’âge :
Et quoi d’autre ailleurs ?
L’ignorance, ça s’étudie
- L’ignorance n’est pas qu’un état de fait.
- Il peut devenir une arme politique.
Agnotologie : étude de la production culturelle de l’ignorance. Tapie dans les recoins de notre mental, l’ignorance est à l’Homme ce que les trous noirs sont à l’astronomie : une vaste zone aux reliefs nuancés. Il y a ce que l’on ne sait pas, ce que l’on sait que l’on ne sait pas, ce que l’on ne sait pas que l’on ne sait pas, ce que l’on ne sait qu’à moitié qui est quand même quelque chose et le peu que l’on sait qui parfois revient au même que de ne rien savoir du tout…
Mais c’est aussi, l’ignorance, un formidable pouvoir. Quand elle est façonnée par quelques individus pour manipuler ou en contrôler d’autres. Lorsque Robert Proctor jette les bases de l’agnotologie (le mot date de 1992), il décrit aussi des phénomènes d’actualité, comme lorsque l’industrie du tabac finançait des études pour jeter le doute sur la nocivité des cigarettes, ou lorsque les lobbys pharmaceutiques font s’éterniser les débats sur la dangerosité de tel ou tel médicament. Paradoxalement, noyer l’opinion publique sous une avalanche d’informations peut devenir un moyen d’augmenter son ignorance. L’un dans l’autre, produire, préserver et répandre l’ignorance, est un savoir-faire maîtrisé de longue date par les puissants de ce monde…
– Pour en savoir plus : Proctor, Robert N. (2014) Golden Holocaust, la Conspiration des industriels du tabac. Paris, Les Equateurs, 2014.
L’actu Najberg Milne
Nos prochaines dates à Paris, Bruxelles et Londres
Voici les dates des sessions inter-entreprises à venir :
Paris : 2 & 3 mai (Captiver & Convaincre).Pour nous contacter à Paris : info-france@najbergmilne.com.
Bruxelles : 6 & 7 juin (Captiver & Convaincre). Pour nous contacter à Bruxelles : info-belgium@najbergmilne.com.
Londres : 28 & 29 juin, 7 & 8 septembre, 29 & 30 novembre (Winning Hearts and Minds). Pour nous contacter à Londres : info@najbergmilne.com.
Le lien du mois
Maya Angelou
- Courage et douceur.
- Détermination et dignité.
Notre petit présent pour vous, ce mois-ci : un lien anglophone vers un texte de Maya Angelou, tirée d’une anthologie d’Ellyn Spragins (*) dans laquelle des « femmes extraordinaires partagent la sagesse qu’elles auraient aimé avoir lorsqu’elles étaient plus jeunes ». Nous avons traduit ce texte :
« Chère Marguerite,
Tu ne rêves que de vivre ta vie. Tu ne veux pas que l’on te dise à quelle heure tu dois rentrer ni comment élever ton enfant. Tu vas quitter la grande et confortable maison de ta mère et elle ne t’en empêchera pas, parce qu’elle ne te connaît que trop bien.
Mais écoute ce qu’elle te dit :
Quand tu quitteras ma maison, ne laisse personne t’éduquer, parce que c’est déjà fait.
Tu sais ce qui est bon et tu sais ce qui est mauvais.
Dans toute relation que tu construis, fais preuve de souplesse et adapte-toi.
Souviens-toi, tu peux toujours revenir à la maison.
Tu reviendras à la maison lorsque le monde t’aura mis à terre – ou bien lorsque tu t’écrouleras à la vue de tous. Mais seulement deux ou trois fois la semaine. Ta mère te soigneras et te cuisineras tes plats favoris, faits de haricots rouges et de riz. Tu t’astreindras à revenir à la maison de sorte qu’elle puisse te libérer à nouveau – et c’est certainement l’un des plus beaux cadeaux qu’elle puisse te faire, ainsi que de nourrir ta confiance.
Sois courageuse, mais pas téméraire.
Marche fièrement, telle que tu es.
Maya »
– https://www.brainpickings.org/2014/07/01/maya-angelous-letter-to-her-younger-self/
– (*) Spragins, Ellyn (2008). What I know Now: Letters to my Younger Self. Broadway Books.